La coopération culturelle entre les deux pays est très active. La culture estonienne en France bénéficie de la présence d’un attaché culturel à l’ambassade depuis le début de 2007, et une filiale de l’Institut estonien a été active à Paris de 2001 à 2008. Au niveau local existent de nombreuses associations s’intéressant à l’Estonie, qui aident à organiser régulièrement un grand nombre d’événements. Les villes françaises jumelées à des villes estoniennes sont des partenaires essentiels pour faire connaître la culture estonienne : Chambrey-lès-Tours (jumelée avec Võru), Quincy-sous-Sénart (jumelée avec Saue), La Seyne-sur-Mer (jumelée avec Maardu), Carcassonne (jumelée avec le centre historique de Tallinn). Il faut aussi mentionner l’Institut des langues et civilisations orientales (INALCO) à Paris, l’association France-Estonie et les consuls honoraires d’Estonie en France.
Chronologie des principaux événements culturels:
Musique
Les compositeurs estoniens (principalement Pärt, Tüür et Tormis, mais aussi Seppar, Kõrvits, Tulve et d’autres) sont appréciés en France depuis des années, et leurs œuvres sont entrées au répertoire de nombreux ensembles français. Neeme, Kristjan et Paavo Järvi dirigent régulièrement les grands orchestres parisiens. Depuis 1988, le chef Vello Pähn dirige fréquemment des ballets au Palais Garnier, Vox Clamantis et Neeme Järvi ont été invités de nombreuses fois par le prestigieux festival La Folle Journée de Nantes, et par bien d’autres. On entend fréquemment, dans différentes villes de France, le Chœur de chambre philharmonique d’Estonie, l’Orchestre de chambre de Tallinn, Ansambel U: et bien d’autres. Des artistes comme Tommy Cash, Noëp, Maarja Nuut, Mari Kalkun, des chœurs de musique traditionnelle seto et bien d’autres artistes de musique pop ou traditionnelle donnent également des concerts très appréciés.
Littérature
Les lecteurs français ont pu découvrir la littérature et la poésie estoniennes grâce à des traducteurs qui œuvrent depuis de nombreuses années : Antoine Chalvin, Jean-Luc Moreau, Jean Pascal Ollivry, Eva Toulouze, etc. En 2004, l’épopée nationale Kalevipoeg a été publiée dans la traduction d’Antoine Chalvin. Entre autres auteurs ont été traduits Tõnu Õnnepalu, Jaan Kross, Jaan Kaplinski, Viivi Luik, Arvo Valton, Andrei Ivanov, Karl Ristikivi, Andrus Kivirähk, Mehis Heinsaar, Doris Kareva, Indrek Hargla, etc. Entre 2008 et 2010, les éditions Gaïa ont sorti les cinq tomes de Vérité et Justice de Tammsaare. Depuis 2010 sont parus plusieurs livres écrits directement en français par une jeune auteure estonienne, Katrina Kalda. L’auteur estonien pour la jeunesse le plus traduit en France est sans conteste Piret Raud, mais des traductions de livres de Kairi Look et d’Indrek Koff sont également sorties dernièrement. Les auteurs estoniens et leurs traducteurs ont reçu plusieurs pris. Le roman de Sofi Oksanen Purge, paru en traduction chez Stock, a reçu le prestigieux Prix Fémina étranger en 2010. Traduit en 2013, le roman d’Andrus Kivirähk L’Homme qui savait la langue des serpents a connu un véritable succès. Les auteurs estoniens sont les invités réguliers de festivals littéraires comme Les Boréales, La Nuit de la littérature à Paris, Étonnants voyageurs à Saint-Malo, Quais du Polar à Lyon et participent à des salons littéraires.
Cinéma, théâtre
Le cinéma estonien est régulièrement représenté dans les plus grands festivals de cinéma, comme le festival du film d’animation d’Annecy, le festival du cinéma nordique de Rouen, le festival du court métrage de Clermont-Ferrand ou le Festival de Cannes. Plusieurs films estoniens ont été distribués en France, et plusieurs ont fait l’objet de coopérations ou de coproductions. Des films classiques ou d’animation estoniens ont reçu des distinctions dans des festivals internationaux – par exemple des réalisateurs Ilmar Raag, Veiko Õunpuu, Priit Pärn, Riho Unt. Le film de Martti Helde La Croisée des vents a été projeté en 2014 avec un grand succès. En dehors des festivals cinématographiques, les films estoniens sont également présentés dans de nombreux festivals pluridisciplinaires comme eLU, Vivre l’Estonie à Nantes, Les Boréales, L’Europe autour de l’Europe, etc. En 2017, la France et l’Estonie ont signé un accord de coopération cinématographique qui régule les questions organisationnelles et juridiques des coproductions, permettant aux producteurs des deux pays de collaborer plus facilement.
Le public français a pu apprécier le travail des troupes de Theatrum, NO99 et Kanuti Gildi SAAL – avec Ma femme m’a fait une scène, NO99 a été le premier théâtre estonien invité au prestigieux Festival d’Avignon, en 2015. Ces troupes ont donné des représentations à Paris (Estonie tonique), à Nantes (eLU, vivre l’Estonie à Nantes), en Avignon (Festival d’Avignon), à Bordeaux (festival LE FAB) et à Nanterre. La collaboration entre Nanterre-Amandiers et Kanuti Gildi SAAL a donné naissance au week-end de théâtre estonien « Gifts from Estonia » à la fin de 2017.
Art, photographie
Depuis Eduard Wiiralt, de nombreux artistes estoniens ont fait leurs études à Paris ou se sont installés en France : c’est ainsi que la sculptrice Maire Männik a étudié à l’Académie de la Grande Chaumière et à l’École des Beaux-Arts et a réalisé la plus grande partie de son œuvre en France, et nombre d’autres artistes estoniens de différentes générations en ont fait autant. Parmi les artistes estoniens actifs en France aujourd’hui, on compte Rein Tammik, Kaia Kiik et Aire Goutt-Allikmets, Irina Bellaye et Helina Rääk, et bien d’autres. L’événement le plus important pour faire connaître l’art estonien en France a sans aucun doute été l’exposition « Âmes sauvages. Le symbolisme dans l’art des Pays baltes » qui a été présentée au Musée d’Orsay, à Paris, dans le cadre d’EV100, au premier semestre 2018. Cette exposition, résultat de la coopération de quatre musées des Pays baltes et du Musée d’Orsay, a présenté cent cinquante œuvres d’artistes emblématiques des Pays baltes, de la fin du XIXe siècle aux années 1930.
D’octobre 2018 à janvier 2019, l’exposition internationale d’art contemporain « Par-delà l’horizon liquide », dirigée par Kati Ilves, a été présentée à Nantes, au Lieu Unique. On a pu y voir entre autres des œuvres de Katja Novitskova, Kristina Õllek, Norman Orro, Laura Põllu, Taavi Suisalu ja Vello Vinni. L’exposition a été préparée en collaboration par KUMU et Le Lieu Unique.
La nature et la culture estoniennes ont inspiré plusieurs photographes français. Les photos estoniennes de Raphaël Gianelli-Meriano et celles de Jérémie Jung ont donné lieu à de nombreuses expositions. Les photographies de Jérémie Jung présentant les espaces culturels des Seto et de Kihnu ont été remarquées par d’importants périodiques consacrés à la photographie.
Design, architecture
Paris est une scène de plus en plus familière pour les créateurs de mode estoniens, qui exposent leurs créations dans les Semaines de la mode ou dans le cadre d’autre événements consacrés à la mode ou à la bijouterie. Des créateurs comme Marit Ilison, Ragne Kikas, Katrin Viirpalu, Roberta Einer, Jo Nurm, Liina Stein et bien d’autres ont ainsi pu y présenter leurs travaux.
Le design estonien est lui aussi de plus en plus apprécié en France – la création des designers estoniens est présentée depuis des années à la Paris Design Week ; plusieurs villes de France ont également présenté le panorama du design estonien « Size Doesn’t Matter ».
La plus grande exposition consacrée au design et au style de vie estoniens a été inaugurée à Paris, à la Cité de la Mode et du Design, en décembre 2017. L’exposition proposait un regard détaillé sur le design et la mode (éthique), avec l’innovation et le développement durable comme maîtres-mots de l’installation architecturale et du projet d’art de rue présentés. Un an plus tard (de décembre 2018 à janvier 2019), le design estonien a été présenté à Marseille dans l’exposition « Estonian Modern », à la Cité radieuse de Le Corbusier.
Une exposition présentant l’utilisation du patrimoine ancien dans l’architecture estonienne contemporaine, « Ancien et nouveau dans l’architecture estonienne d’aujourd’hui », a suscité beaucoup d’échos. Cette exposition a été présentée à Paris, Nantes, Strasbourg et Carcassonne, accompagnée par des séminaires où des spécialistes estoniens ont pu s’adresser à des étudiants français en architecture.
Le bâtiment du Musée national d’Estonie (ERM) inauguré en 2016 a été dessiné par un bureau français (Lina Ghotmeh, Dan Dorell ja Tsuyoshi Tane). Il a reçu de nombreux prix internationaux, entre autres le Grand Prix AFEX.