Déclaration conjointe portant sur un partenariat stratégique entre la France et l’Estonie

Le Premier ministre estonien, M. Jüri Ratas et le Président de la République française, M. Emmanuel Macron ont signé à Paris une déclaration sur le partenariat stratégique entre l’Estonie et la France le 28 octobre 2020. Ci -dessous la déclaration commune dans son intégralité :

Fortes des liens historiques qui les unissent et désireuses de développer davantage leurs relations fondées sur l’amitié, les valeurs partagées et leur appartenance commune à l’Union européenne, la France et l’Estonie entendent donner à leurs relations un cadre nouveau et ambitieux.

Dans cette perspective, alors que la France et l’Estonie s’apprêtent à célébrer le centenaire de leurs relations diplomatiques, les deux pays ont décidé d’établir un partenariat stratégique bilatéral.

Dans ce contexte, et avec l’objectif de développer de nouvelles coopérations, la France et l’Estonie s’engagent à :

1. Coopération européenne et internationale

Travailler conjointement à une Europe plus forte, plus sûre, plus unie et souveraine, en intensifiant leur coopération, leurs échanges et leurs consultations afin de promouvoir des positions communes sur les enjeux importants, notamment dans le cadre de la prochaine Conférence sur l’avenir de l’Europe.

Réaffirmer leur engagement commun en faveur d’un ordre international et d’un multilatéralisme fondés sur des règles ; poursuivre et approfondir leur coopération étroite au sein de l’UE, de l’OTAN, des Nations Unies, de l’OMC et des autres organisations internationales.

Promouvoir et défendre les valeurs et les principes de l’UE et le droit international, en particulier en matière de démocratie, de droits de l’Homme, d’état de droit et d’’intégrité territoriale, dans leurs relations avec les pays tiers comme au sein des enceintes multilatérales.

Poursuivre une coopération étroite aux Nations unies ; s’informer et se consulter mutuellement s’agissant des politiques nationales en matière de sanctions et des contributions aux opérations et missions de l’UE, des Nations Unies, de l’OTAN et d’autres organisations internationales.

Continuer à travailler dans le cadre du Partenariat oriental en faveur de la démocratie, de la prospérité et de la stabilité dans le voisinage de l’UE. S’engager à un développement équilibré de nos relations avec nos voisins à l’est et au sud de l’UE, en accordant une attention particulière au Partenariat oriental et à l’Union pour la Méditerranée.

Soutenir la perspective européenne des Balkans occidentaux, en se fondant sur la méthodologie d’élargissement renforcée.

2. Sécurité et défense

Renforcer leur coopération stratégique aux plans politique et militaire, tant au niveau bilatéral que multilatéral.

Continuer à travailler conjointement au renforcement du dispositif de dissuasion et à la défense collective. En tant que proches alliés au sein de l’OTAN, réaffirmer l’importance du lien transatlantique et l’engagement pris en vertu de l’article 5 du traité de Washington.

Continuer à travailler conjointement à une Union européenne forte, résiliente et efficace, capable et soucieuse d’agir en tant que fournisseur de sécurité dans le cadre de missions et d’opérations relevant de la PSDC, et exprimer leur soutien aux projets de développement des capacités de l’UE afin de renforcer la défense européenne et l’aptitude de l’UE à agir de manière autonome en tant que de besoin et en lien avec des partenaires dans la mesure du possible, en démontrant notamment notre disponibilité à travailler conjointement en soutien à la sécurité européenne et transatlantique.

Renforcer la réponse apportée par l’UE à la menace terroriste ; contribuer à la lutte contre la radicalisation, en particulier dans le cyberespace.

Réaffirmer la pertinence de la clause d’assistance mutuelle prévue à l’article 42 paragraphe 7 du traité sur l’Union européenne ainsi qu’à l’article 222 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

Développer leur excellente coopération opérationnelle visant à garantir la paix et la sécurité en contribuant aux opérations et missions militaires internationales en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, et réaffirmer leur engagement à poursuivre dans cette voie, en particulier dans le cadre de la Présence avancée renforcée de l’OTAN, de l’opération Barkhane et de la Task Force Takuba.

Développer une culture stratégique commune dans le cadre de l’Initiative européenne d’intervention, en complément des efforts de l’OTAN, de l’ONU et de l’UE pour répondre aux menaces à la sécurité en Europe et au-delà.

Continuer à travailler conjointement au sein des enceintes internationales compétentes pour renforcer le régime de non-prolifération et de désarmement, pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive et pour promouvoir les efforts de désarmement et de maîtrise des armements qui ont un impact direct sur la sécurité européenne et transatlantique.

3. Coopération économique

Travailler conjointement à la réponse à apporter à la crise économique actuelle provoquée par la pandémie de Covid-19, tant au niveau bilatéral qu’européen, en soutenant la mise en œuvre rapide et efficace du plan de relance et du cadre financier pluriannuel.

Se concentrer sur les secteurs innovants, en particulier lorsqu’ils contribuent à la transition numérique et verte ainsi qu’à la sécurité et à la sûreté de nos citoyens, en particulier dans le domaine sanitaire.

Soutenir la poursuite de l’approfondissement de l’Union économique et monétaire (UEM). À cette fin, travailler à la finalisation de l’Union bancaire et à la construction de l’Union des marchés financiers. En outre, promouvoir le renforcement de la zone euro et reprendre dès que possible les discussions sur toutes les questions y afférentes.

Continuer à soutenir l’engagement de l’UE en faveur d’un programme ambitieux et équilibré en matière de libre échange reposant sur l’Organisation mondiale du commerce, tout en nous protégeant vis-à-vis des pratiques déloyales ou abusives et en garantissant la réciprocité. La France et l’Estonie doivent également veiller à promouvoir une plus grande cohérence entre la politique commerciale de l’UE et ses objectifs de développement durable.

4. Économie numérique et cybersécurité

Contribuer à la consolidation du marché unique du numérique (code des communications électroniques européen, règlementation des plateformes, , libre circulation des données non personnelles au sein de l’UE, adaptation du droit d’auteur à l’ère du numérique, fiscalité du numérique, Identité numérique européenne).

Soutenir les négociations menées à l’OCDE visant à relever les défis fiscaux soulevés par la numérisation de l’économie et, à défaut d’un d’accord d’ici à la fin de l’année 2020, appuyer la formulation rapide d’une proposition au niveau européen.

Encourager les échanges entre les entreprises françaises et estoniennes dans le secteur des technologies numériques, en particulier les startups et leurs organisations fédératrices, qui peuvent ouvrir la voie à une coopération sur les marchés européens et au-delà ;

Favoriser les investissements visant à soutenir l’innovation liée en particulier aux technologies avancées de pointe développées par les entreprises de l’UE ;

Organiser des missions et des visites d’apprentissage entre la France et l’Estonie et partager des solutions technologiques ainsi que des connaissances et des informations portant sur les systèmes d’information et les plateformes du secteur public ;

Se concerter et se consulter à propos des politiques et initiatives de l’UE, dans le contexte de la déclaration conjointe sur la coopération dans le domaine de la cybersécurité signée en 2020.

Coopérer étroitement pour assurer la sécurité et la stabilité du cyberespace, tant au niveau régional que mondial.

Renforcer les capacités et la coopération afin de protéger nos démocraties face aux campagnes de désinformation, aux cyberattaques, aux opérations d’influence et à l’ingérence dans les processus électoraux. Partager le savoir-faire et les bonnes pratiques permettant de faire face à la manipulation de l’information.

5. Climat et environnement

Réaffirmer l’importance de l’accord de Paris et de la réussite des négociations lors des prochaines conférences sur les changements climatiques.

Soutenir le rôle moteur de l’Union européenne en matière d’atténuation des changements climatiques et de transition vers l’énergie verte.

Soutenir un rehaussement de l’ambition climatique à l’horizon 2030 ainsi que l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne pour 2050, tout en assurant une transition équitable, et promouvoir des politiques à l’échelle mondiale en matière d’environnement, de climat et d’énergie en s’appuyant sur la coopération internationale et la diplomatie climatique de l’UE, notamment grâce à la mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, et en recherchant des solutions aux fuites de carbone afin de préserver la compétitivité des industries de l’UE.

Promouvoir le recours à des sources d’énergie renouvelables et à des cadres réglementaires adéquats tant pour la production que pour le transport d’’énergie et travailler conjointement à améliorer la résilience des régions européennes les plus vulnérables face aux changements climatiques.

S’efforcer de coopérer dans les domaines de la biodiversité, de l’économie circulaire, des technologies vertes, des technologies et solutions numériques, des données et innovations environnementales et de la protection environnementale des régions polaires.

Promouvoir l’éducation portant sur les questions environnementales et le développement des compétences pour la mise en œuvre des technologies futures.

6. Education et sciences

Promouvoir le multilinguisme et la coopération en matière d’apprentissage des langues et renforcer leur coopération en matière de programmes de formation pour les professeurs de français.

Soutenir la mobilité et la coopération entre les écoles et les universités en s’appuyant sur la mise en œuvre de programmes européens et bilatéraux, en particulier l’initiative « universités européennes ».

Encourager leur coopération dans le domaine de l’éducation numérique en partageant les bonnes pratiques, les expériences et les solutions technologiques.

Approfondir les échanges et les partenariats entre les universités et les institutions de recherche et développement pour faire avancer la recherche dans les domaines d’intérêt commun.

Développer la coopération dans le domaine de la technologie spatiale en partageant les connaissances et en menant des projets conjoints, en mettant l’accent sur les applications pratiques, ainsi que sur la sécurité du cyberespace et la protection des ressources et programmes stratégiques.

7. Culture

Encourager leur coopération dans le contexte de l’appartenance commune des deux pays à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Soutenir le multilinguisme au sein des institutions de l’Union européenne et dans les différentes organisations internationales.

Promouvoir la diversité culturelle et linguistique et approfondir leur coopération active et de qualité dans tous les domaines de la culture contemporaine, du patrimoine culturel et des sports. Encourager la mobilité et les échanges professionnels directs entre les créateurs d’œuvres artistiques et les institutions culturelles et promouvoir la coopération dans le domaine des festivals et des résidences internationaux, des industries culturelles et créatives, de l’exportation culturelle et du tourisme culturel et dans l’utilisation de solutions innovantes et numériques.

Impliquer tous les partenaires concernés au niveau national et régional et rechercher des domaines de coopération d’intérêt commun avec les États baltes et les pays nordiques.

Favoriser la coopération dans le cadre de l’UE et des institutions européennes et internationales intervenant dans les domaines de la culture et du sport.

Encourager les activités culturelles visant à promouvoir l’égalité des sexes et renforcer la créativité et l’accès à la culture d’une plus grande partie de la population, en particulier les jeunes.

8. Coopération en matière de développement

Accroître leur collaboration dans le domaine de la coopération au développement.
Renforcer la coopération dans le domaine de la numérisation, notamment la gouvernance électronique, l’identification électronique, l’enseignement en ligne, la santé numérique et l’innovation, en particulier en Afrique subsaharienne et dans d’autres zones géographiques.

Accroître la coopération portant sur l’écosystème des startups et les hackathons en Afrique.

Identifier des possibilités de coopération pour soutenir les réformes, améliorer l’état de droit et accroître la résilience dans les pays du Partenariat oriental.

Élaborer des projets conjoints dans le domaine de l’aide humanitaire et de la coopération au développement.

Signée à Paris, le 28 octobre 2020, en deux exemplaires originaux en langues française et estonienne, qui font également foi.

Emmanuel MACRON,
Le Président de la République française

Jüri RATAS
Le Premier Ministre de la République d’Estonie

Crédit photo: Présidence de la République